Partons à la rencontre de Marthe et Marcel Laureys, anciens tenants du café "À l'arrêt des tranways" place de la Distillerie, racontés par leur fille Micheline Delval.
Chargé de mission et de médiation culturelle et pédagogique à La Coupole, Centre d'Histoire et de Mémoire du Nord-Pas-de-Calais, Théo Hooreman est aussi un Wambrecitain passionné d'Histoire.
Vous l'avez peut-être déjà rencontré lors d'une visite guidée de la Distillerie, du fort du Vert Galant, ou en vous rendant au Musée de la Résistance de Bondues.
Il vous invite à remonter le temps, à la rencontre de certains grands personnages qui ont fait l'histoire de Wambrechies.
Théo Horreman : Pouvez-vous nous parler du commerce de vos parents ?
Micheline Delval : Marthe et Marcel Laureys, mes parents, ont acheté le café situé sur la place de la distillerie en 1932.
Leur établissement s’appelait « À l’arrêt des tramways » car il était situé au terminus du tramway O qui reliait Wambrechies à Lille.
Ils ouvraient à 5h pour servir le café au wattman (le conducteur) et au receveur (le contrôleur) du premier tramway de la journée.
Le midi, ils faisaient un plat du jour qui attirait tous les employés du coin.
Le soir, le café était le rendez-vous des joueurs de belotte et à 22h, lorsque le dernier tramway arrivait, mes parents pouvaient fermer.
Comment était aménagé le café ?
Il existait deux belles salles au-dessus du café qui étaient louées pour des réceptions. Il y avait aussi un billard, très prisé par les jeunes, qui venait faire une partie au lieu d’aller à la messe.
Nous avions une vaste cour où mon père a installé une pompe à essence et un garage Renault. Son affaire tournait bien : il embauchait 3 ou 4 mécanos.
Marcel Laureys faisait aussi taxi, en Renault bien sûr ! Moi aussi j’ai fait taxi à mes 18 ans.
Au fond de la cour se dressait l’ancien presbytère datant du XIXe siècle, un beau monument historique aujourd’hui disparu.
L’activité de vos parents s’est-elle maintenue pendant l’occupation allemande ?
Nous avons eu à loger aux étages d’abord des Britanniques puis des Allemands pendant toute la durée de la guerre et enfin des Américains à la Libération.
Je me rappelle que nous ne pouvions plus accéder à l’escalier. Comme nous étions à l’entrée de l’avenue des châteaux où s’étaient installés les plus hauts gradés, souvent, des soldats allemands venaient prendre une consommation avant d’aller à leur rendez-vous.
Les Allemands qui logeaient chez nous – une dizaine - étaient corrects. Ils venaient parfois regarder les parties de cartes au café.
Avez-vous une anecdote à nous partager ?
Marcel Laureys adorait les bons repas. Il récupérait des tripes aux abattoirs avant de les nettoyer, les tremper et les blanchir, plaçait le tout dans de grandes marmites en fonte et allait cuire ses tripes dans le four du boulanger voisin qui lui prêtait volontiers.
Il en sortait de délicieuses tripes à la mode de Caen qu’il servait ensuite comme plat du jour. Toute une époque !