Partez à la rencontre de l'industriel wambrecitain Éloi Prate, raconté par son arrière petit-fils Christian.
Chargé de mission et de médiation culturelle et pédagogique à La Coupole, Centre d'Histoire et de Mémoire du Nord-Pas-de-Calais, Théo Hooreman est aussi un Wambrecitain passionné d'Histoire.
Vous l'avez peut-être déjà rencontré lors d'une visite guidée de la Distillerie, du fort du Vert Galant, ou en vous rendant au Musée de la Résistance de Bondues.
Il vous invite à remonter le temps, à la rencontre de certains grands personnages qui ont fait l'histoire de Wambrechies.
Théo Horreman : Qui êtes-vous par rapport à Éloi et Louis Prate ?
Christian Prate : Je suis Christian Prate, l’arrière-petit-fils d’Éloi Prate né en 1853 à Lille.
Avec son frère Louis, ils dirigeaient une importante usine de traitement des déchets textiles située rue d’Ypres à Wambrechies. Ils géraient également une activité d’huiles oléagineuses à Lille. L’affaire familiale a perduré plusieurs générations successives avant d’être cédée en 1986 par mon père.
Pouvez-vous nous présenter l’usine de Wambrechies ?
La société Éloi et Louis Prate était située hameau du Chat à Wambrechies, à proximité de la voie ferrée indispensable à l’activité.
Étendue sur sept hectares, l’usine était composée de nombreuses installations industrielles : magasins, ateliers, lavoirs, salles de machines, générateurs, cheminée, écuries et même un petit cabaret attenant ! Tout cela servait à l’activité de traitement et de nettoyage des déchets de lin et d’étoupes.
Les ouvriers de l’usine étaient logés dans des maisons construites en 1884 et situées Chemin à l’eau. On sait qu’en 1920, le transport des marchandises était assuré par les sept camions et les quatre chevaux de l’entreprise.
En dehors de leur activité professionnelle qui étaient ces deux hommes ?
Éloi Prate a épousé Marie Adèle Six issue d’une famille de censiers de Wambrechies. Le couple a eu quatre enfants. Louis, frère d’Éloi, est sans descendance connue. À noter qu’il jouait aux courses et menait une vie dispendieuse à Paris, ce qui a contribué au déclin des affaires familiales.
Avez-vous une anecdote à partager ?
En 1910, Éloi Prate fait le constat qu’une partie de sa marchandise disparait lors de la livraison entre l’usine de Lille et celle de Wambrechies. Le commissaire de police chargé de mener l’enquête décide d’arpenter les brocanteurs du secteur afin d’identifier d’éventuelles pièces appartenant à l’industriel.
Rapidement, des marchandises sont retrouvées : deux des livreurs revendaient depuis plus de six mois une partie du contenu des livraisons à des brocanteurs. Un butin d’une valeur de 500 francs tout de même.
Que s’est-il passé dans l’usine pendant la Seconde Guerre mondiale ?
En 1940, alors que les troupes allemandes progressent, les Britanniques quittent Wambrechies en laissant derrière eux sept prisonniers allemands. Ceux-ci sont enfermés à l’usine Prate en attendant de regagner leurs rangs.
C’est alors qu’un incendie se déclare à l’usine. La population affolée se demande quelle attitude adopter.
Le maire Picavet, sur la pression des habitants du quartier et par peur d’éventuelles représailles des Allemands à l‘approche, fait le choix de les sauver puis de les interner en lieu sûr.