Partez à la rencontre de Georges Catoire, ancien propriétaire et président de l’Harmonie de Wambrechies, raconté par son petit-fils Philippe.
Chargé de mission et de médiation culturelle et pédagogique à La Coupole, Centre d'Histoire et de Mémoire du Nord-Pas-de-Calais, Théo Hooreman est aussi un Wambrecitain passionné d'Histoire.
Vous l'avez peut-être déjà rencontré lors d'une visite guidée de la Distillerie, du fort du Vert Galant, ou en vous rendant au Musée de la Résistance de Bondues.
Il vous invite à remonter le temps, à la rencontre de certains grands personnages qui ont fait l'histoire de Wambrechies.
Théo Hooreman : Pouvez-vous nous présenter la famille Catoire et son implantation à Wambrechies ?
Philippe Catoire : Les Catoire sont à l’origine une famille de bateliers et de négociants lillois.
C’est le mariage de Victor Catoire avec Mathilde Claeyssens, au milieu du 19e siècle, qui amène le couple à s’installer à Wambrechies chez cette dernière, au château Saint Donat.
La famille Catoire agrandit ensuite l’édifice en le dotant de deux ailes.
Quelle a été la vie de votre grand-père Georges Catoire ?
Il a fait des études d’ingénieur à Lille. Georges a 21 ans quand il est mobilisé en août 1914.
Blessé au combat, il est démobilisé et se marie. Il s’installe à Wambrechies et fait construire Les Buissonnets, rue de l’Agrippin.
La maison, aujourd’hui disparue, est dotée jardin à l’anglaise avait des espèces d’arbres magnifiques encore visibles.
À noter que son épouse a fait ériger la chapelle de l’Agrippin. Celle-ci est dédiée à sainte Thérèse de Lisieux, chère à la famille. Les Buissonnets est le nom de la maison de la sainte, canonisée en 1925, date de la construction de leur maison.
Mon grand-père laisse le souvenir d’un homme généreux et attentif. Il s’illustre comme président de l’Harmonie Municipale de Wambrechies pendant 50 ans et à l’origine de la création de l’école de musique dont les locaux portent aujourd’hui son nom.
Quel évènement a marqué la mémoire de votre grand-père au cours de la Première Guerre mondiale ?
Il est grièvement blessé le 6 septembre 1916 lors de la bataille de la Somme et reste coincé dans un trou d’obus.
La nuit, un camarade décide d’aller le secourir malgré les risques d’être tué et il réussit à ramener mon grand-père en sécurité.
Quelques semaines après cet acte héroïque, ce soldat est tué au combat.
Georges Catoire entame d’intenses recherches après-guerre pour retrouver sa famille et la remercier, sans jamais y parvenir.
J’ai repris le flambeau et après deux ans de recherches, j’ai trouvé. Il s’agissait de Louis Radenne, ouvrier faïencier à Saint-Martin-Boulogne.
Je suis allé le remercier sur le champ de bataille où son corps repose encore. J’ai parlé avec son arrière-petite-nièce, aussi bouleversée que moi. J’ai pu lui apporter la reconnaissance de mon grand-père et de ma famille plus de cent ans après les faits.
Quel a été l’engagement politique de Georges Catoire ?
Il a toujours été sensible à la condition ouvrière.
C’est certainement l’évènement du 6 septembre 1916 qui le marque pour toujours : un jeune ouvrier qui risque sa vie pour sauver un bourgeois.
Il devient conseiller général dans les années 1930 et s’engage dans le Parti Social Français.
Son programme est révolutionnaire pour l’époque : droit de vote des femmes, participation du Travail au Capital et fermement opposé à l’antisémitisme.
Pouvez-vous évoquer les autres membres de votre famille résidant à Wambrechies ?
Mes ancêtres habitaient dans plusieurs châteaux de la commune.
Mon oncle Jean Catoire habitait au château d’Haye aujourd’hui disparu ; André a choisi La Châtaigneraie (à l’origine propriété de la famille Claeyssens). Maurice puis mon père Bertrand Catoire ont résidé au château Saint Donat.
Je garde un souvenir ému de ce Wambrechies ancien où tous les milieux se côtoyaient.
À chaque fois que j’y retourne je m’aperçois que cet esprit demeure encore.