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Champions #3 - Benoît Havret, ça gaze pour lui !

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Wambrechies regorge de talents sportifs ! Partons aujourd'hui à la rencontre de Benoît, vainqueur de la Coupe Gordon Bennet en 2023, la plus prestigieuse des courses aéronautiques en ballons à gaz.

Publié le 05 décembre 2024

Les Jeux de Paris 2024 nous ont offert des moments inoubliables devant les performances de grands champions. Mais pas besoin d'aller bien loin et d'attendre tous les quatre ans pour découvrir des sportifs qui nous font vibrer ! 

A travers quatre portraits, nous vous emmenons découvrir quatre sportifs de haut-niveau qui portent haut les couleurs de la commune. 3e volet aujourd'hui avec Benoît Havret, en pleine préparation de l'édition de la Coupe Gordon Bennett 2024 (dont le départ a eu lieu cette année à Münster en Allemagne et dont il a décroché la 5e place), la plus prestigieuse et plus ancienne course aéronautique du monde qu'il a remportée l'année dernière.

 

Benoît Havret,de nuit, lors de l'édition 2024 qu'il achèvera à la 5e place.

Vous avez remporté la Coupe l’an dernier après un vol iconique de plus de 2 661 kilomètres à travers les États-Unis. Quels ont été les moments marquants de ce vol ?

Le départ est toujours un moment fort en émotions. A partir du moment où le premier ballon décolle, tout s’enchaîne très vite puisque l'ensemble des ballons doit décoller dans un laps de temps très court.

On est amené par nos équipiers sur le podium de départ où le ballon est lâché et s'élève au son de la Marseillaise. Sur 2661 km et 86 heures de vol on a traversé huit états américains et survolé des paysages incroyables.

La dernière nuit a également été un moment intense et stressant puisque nous volions à près de 150 mètres du sol à 50 km/h. De nuit, à cette hauteur et à cette vitesse, il faut toute la lucidité et la vigilance des deux pilotes pour éviter les obstacles !

Alors que vous allez défendre votre titre, comment vous préparez-vous pour cette nouvelle aventure ?

Quand on voit les images, ça ne semble pas très spectaculaire au premier abord de nous voir assis dans notre nacelle.

Pourtant, passer 86 h à deux dans une nacelle de 1m20x1m10 suspendus à une bulle remplie d'hydrogène, de jour, de nuit, à des altitudes pouvant atteindre 6000 m, sous oxygène, à des températures parfois négatives et à naviguer au grès des vents, demande une certaine dose de sang froid.

La préparation est donc essentiellement mentale avec de la relaxation, de la méditation et de l'autohypnose. Un peu d'activité physique aussi et on essaye de surveiller la balance dans l'objectif de pouvoir emmener le plus de lest possible.

Benoit Havret (à gauche) et son coéquipier Eric Decellières

Le but de cette course est d'aller le plus loin possible. Avez-vous déjà défini une stratégie ou un objectif précis pour cette édition ?

Notre objectif est clair : garder la coupe à la maison !

Comme nous ne sommes guidés que par les vents, nous ne pouvons pas anticiper notre stratégie très longtemps à l'avance. Elle se dessine clairement quand nous sommes sur le terrain.

Nous échangeons avec notre PC course qui réunit routeurs, météorologues et contrôleurs aériens et qui simule les trajectoires pour nous mener le plus loin possible. 

Par contre, au long de l'année et avec l'expérience des éditions précédentes, nous échangeons avec notre PC course sur ce que nous sommes prêts à accepter, nos limites et prenons le temps de débriefer les courses antérieures.

Quels sont les défis spécifiques de cette nouvelle édition ?

Voler en ballon sur de grandes distances en Europe est devenu d'une grande complexité.

Le terrain de jeu est entouré de mers et comporte des massifs montagneux élevés.

Le territoire concentre beaucoup d'aéroports avec un trafic aérien dense qui contraignent la navigation. 

La géopolitique avec le contexte de la guerre en Ukraine, oblige la direction de course à prendre des marges de sécurité. 

D'un point de vue météo, on se rend bien compte d'une instabilité générale de l'atmosphère avec des changements radicaux pratiquement d'un jour à l'autre. 

Voler en ballon, un autre point de vue sur la Terre.

Comment gérez-vous la pression de participer en tant que champions ?

Après un titre de vice champion du monde en 2021 et celui de champion du monde en 2023 en quatre participations, nous sommes bien évidemment dans les équipes qui peuvent prétendre à monter sur le podium.

Toutefois, c'est une discipline qui invite à beaucoup d'humilité : nous sommes conscients de pouvoir nous retrouver à la dernière place tant il peut se passer de choses pendant la course.

Nous nous étions par exemple classés 16e au bout de 350 km lors de notre 1ère participation en 2019, bloqués par le contrôle aérien de l'aéroport de Munich.

En tant que Wambrecitain, quel sentiment éprouvez-vous en ayant réalisé de tels exploits ?

C'est une grande fierté personnelle, tant ce titre est prestigieux : c'est notre Everest aérostatique !

Je suis conscient de la chance que j'ai de vivre des émotions aussi intenses et en même temps inquiet par la fragilité de la discipline. Inventée en France, il y a 241 ans et historiquement très développée dans le Nord grâce au gaz de houille, il n'y a aujourd'hui plus aucune ascension publique de ballons à gaz en France.

Mon rêve serait de renouer avec cette belle tradition et de pouvoir décoller de l'aérodrome de Lille Marcq Bondues.

66e Coupe Aéronautique Gordon Bennett 2023 - Team FRA-2