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Histoire(s) de Wambrechies #6

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Partez à la rencontre de Paul Berghe, prisonnier de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, raconté par son fils Michel Berghe.

Publié le 23 juin 2023

Chargé de mission et de médiation culturelle et pédagogique à La Coupole, Centre d'Histoire et de Mémoire du Nord-Pas-de-Calais, Théo Hooreman est aussi un Wambrecitain passionné d'Histoire.

Vous l'avez peut-être déjà rencontré lors d'une visite guidée de la Distillerie, du fort du Vert Galant, ou en vous rendant au Musée de la Résistance de Bondues.

Il vous invite à remonter le temps, à la rencontre de certains grands personnages qui ont fait l'histoire de Wambrechies.

Portrait militaire de Paul Berghe © Théo Hooreman

Théo Hooreman : pouvez-vous nous présenter qui était Paul Berghe ?

Michel Berghe : Mon père est né en 1904 au hameau du Bihamel à Wambrechies et dans une famille d’ouvriers agricoles.

Il était chauffeur livreur, marié et père de deux enfants.

Comme tous les hommes de son âge, il a effectué son service militaire à l’âge de 20 ans ce qui correspond à l’année 1924.

Que lui arrive-t-il lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate ?

Il est rappelé sous les drapeaux lors de la mobilisation générale en septembre 1939 et intègre le 421e régiment de pionniers.

Il participe à l’opération Dynamo en mai 1940 où les soldats britanniques et français repliés à Dunkerque tentent de prendre un bateau pour être rapatriés en Angleterre du fait de l’avancée des troupes allemandes.

Paul Berghe n’a pas cette chance. Il est fait prisonnier le 4 juin 1940, dernier jour de l’opération.

Que lui arrive-t-il ensuite ?

Il est envoyé en Allemagne et effectue une partie du trajet à pied.

Je me rappelle être allé avec ma mère à Menin où la colonne de prisonniers est passée.

Certains habitants ouvraient leurs portes pour permettre aux prisonniers de s’échapper mais cela était loin d’être évident en présence des soldats allemands.

Mon père a été interné dans le stalag IB, camp de prisonnier situé en Pologne actuelle, sous le matricule 26339.

Il devait se rendre chaque jour dans une ferme voisine pour y travailler la journée et avait pour cela un laisser-passer afin de pouvoir circuler.

Photo du haut : Paul Berghe (à gauche) et un camarade dans le stalag. En bas : verso de cette photo après vérification par la censure allemande - © Théo Hooreman

Comment se passe sa vie dans le camp de prisonniers ?

Pendant sa journée de travail à la ferme, il n’était pas mal traité.

Cependant, les conditions de vie dans le camp restaient très précaires.

Il en a gardé des séquelles physiques toute sa vie.

Pendant sa détention, il écrivait à son frère Emile, lui aussi prisonnier, dans le stalag XIID situé à Trèves.

Les informations données par écrit restaient très brèves tant il était défendu de parler des conditions de détention.

Ils s’échangeaient des nouvelles de leur famille et évoquaient leurs vies en France : « J’espère qu’on pourra bientôt boire un Wambrechies. Bien le bonjour chez toi. Ton frère qui t’embrasse. Paul ».

Quelques photos sont prises pendant sa détention, toutes soumises à validation de la censure allemande (NDR : voir photos ci-contre)

Comment se déroule son évacuation ?

Mon père est libéré par les Russes et rapatrié à Wambrechies le 3 août 1945.  

Il reçoit un solde de 6803 francs pour la durée totale de son internement en Allemagne.

Il perçoit aussi une prime de démobilisation de 1000 francs et des allocations à hauteur de 400 francs.

Il a droit à des chaussures mais aussi du linge et un costume en tant que rapatrié.

Je me rappelle qu’à l’époque, Wambrechies était un village où les enfants jouaient toujours dehors.

Lorsqu’un père rentrait de détention, nous étions vite prévenus.

Et un jour, on m’a prévenu qu’il était de retour... je ne l’avais pas vu depuis 5 ans et cela compte dans la vie d’un jeune enfant !

Paul Berghe rejoint à son retour l’association des prisonniers de guerre du Nord où il retrouve des camarades qui ont vécu la même chose que lui.

Il est revenu invalide de guerre et a subi les conséquences de la guerre toute sa vie.

Appel à témoignages

Théo Hooreman poursuit sa collecte de témoignages sur l'histoire de Wambrechies. Il est à la recherche de cartes postales, photos et documents anciens de Wambrechies. N'hésitez pas à le contacter par courriel à theohooreman@gmail.com